Face à la hausse constante des loyers dans les grandes villes françaises, l’encadrement des loyers est une mesure phare pour lutter contre la spéculation immobilière et garantir un logement abordable pour tous. Après Paris et Lille, Marseille pourrait-elle être la prochaine ville à mettre en place cette régulation ? Cet article dresse un état des lieux de la situation marseillaise et examine les enjeux et perspectives liés à l’encadrement des loyers dans la cité phocéenne.
La situation du marché locatif marseillais
À Marseille, les loyers ont connu une augmentation significative ces dernières années. Selon une étude de l’observatoire LocService, le loyer moyen d’un appartement dans la ville s’élevait en 2021 à 12,50 euros/m², soit une hausse de 3% par rapport à 2020. Cette évolution est particulièrement marquée dans certains quartiers prisés tels que le Vieux-Port ou la Canebière, où les prix peuvent atteindre jusqu’à 20 euros/m².
Cette hausse des loyers s’explique principalement par la pénurie de logements disponibles sur le marché locatif. En effet, Marseille connaît un important déficit de logements sociaux et abordables, ce qui entraîne une forte tension entre l’offre et la demande. De plus, cette situation est exacerbée par l’essor du tourisme et des locations saisonnières, notamment via les plateformes comme Airbnb, qui réduisent encore davantage l’offre de logements pour les résidents permanents.
Les enjeux de l’encadrement des loyers à Marseille
L’encadrement des loyers est un dispositif qui vise à limiter la hausse des loyers dans les zones tendues, c’est-à-dire où la demande de logements est supérieure à l’offre. Cette mesure a été mise en place à Paris et Lille depuis 2019, avec des résultats encourageants en termes de stabilisation des prix.
Pour Jean-Luc Mélenchon, député de la France Insoumise et élu de Marseille, l’encadrement des loyers est une nécessité afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages et lutter contre la gentrification. « Il est indispensable que le gouvernement prenne les mesures adéquates pour réguler le marché locatif et garantir un logement décent et abordable pour tous », plaide-t-il.
Plusieurs acteurs locaux tels que le collectif Marseille en commun ou encore la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS) militent également pour la mise en place de cet encadrement dans la cité phocéenne. Selon eux, cette mesure permettrait non seulement de freiner la spéculation immobilière, mais aussi de favoriser la mixité sociale et territoriale en évitant que certains quartiers ne deviennent inaccessibles aux ménages modestes.
Les perspectives de mise en œuvre de l’encadrement des loyers
Pour que l’encadrement des loyers soit mis en place à Marseille, la ville doit d’abord être classée en zone tendue, ce qui serait justifié par la situation actuelle du marché locatif. Ensuite, les autorités locales devront mener une étude approfondie pour déterminer les niveaux de loyers médians et fixer un plafond à ne pas dépasser pour chaque type de logement, en fonction du quartier et de la surface.
Toutefois, certains obstacles pourraient freiner la mise en œuvre de cette mesure. D’une part, le gouvernement doit donner son feu vert, ce qui n’est pas encore acquis compte tenu des réticences exprimées par le ministre du Logement Julien Denormandie, qui estime que « l’encadrement des loyers n’est pas la solution miracle ». D’autre part, un contrôle efficace des prix nécessitera une collaboration étroite entre les différents acteurs locaux (propriétaires, bailleurs sociaux, agences immobilières) et une volonté politique forte.
Néanmoins, l’expérience parisienne a montré que l’encadrement des loyers peut être un levier efficace pour améliorer l’accès au logement et renforcer la cohésion sociale dans les grandes villes. À Marseille comme ailleurs, il est donc crucial d’envisager toutes les solutions possibles pour répondre aux défis posés par la crise du logement.